16 mai 2013

Zone 4 (44)

Les décontaminateurs attendaient. Le monstre respirait encore. Sa cage thoracique (Garance sortit son ruban de couturière et nota le chiffre : trois cent vingt-deux de circonférence) se soulevait et retombait, ouvrant et refermant une plaie blanche (trente centimètres sur cinq de large au plus écarté). Les lèvres de la blessure avaient été grignotées et mises en lambeaux par endroits (les rats, probablement).
La respiration était silencieuse, profonde et régulière.
Un matelas deux places (de marque Ikea) souillé de sang reposait sur le trottoir parmi un tas d’immondices essentiellement composé de déchets organiques et de matériaux non recyclables (Garance nota : matériel électronique).
La ruelle était recouverte d’un enrobé rouge, suffisamment large pour qu’un véhicule pût y pénétrer, mais des bornes escamotables en fermaient l’accès. Les riverains actionnaient le mécanisme à l’aide d’une télécommande.
Un conteneur à ordures ménagères était éventré, son couvercle était encore scellé.
« On dirait Jesse », dit le milicien, puis, comme à lui-même : « saloperie de monstres. ».
Garance ne prêta pas attention au milicien. Il luttait contre la fatigue.
« Miam. Les rats se sont régalés. À la fois tendres et moelleuses, les boulettes au bœuf Charal sont idéales pour une multitude de recettes des plus simples aux plus élaborées », lâcha le milicien. Le milicien émit un rire. Son rire ressemblait à un hoquet.

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