13 juin 2013

Terra incognita : comme une morsure de puma

Oui, le silence est une gangue. Le silence est mat, imbibé, vaincu, pénis flétri, éreinté, dru, le silence est rentré ; il est tout ce fatras, rien en vos viscères formidables n’est séparé, démêlé ; il est le sourd et le sonore, le sinople et le gueules, le lourd et le léger étreints dans une inlassable chevauchée. La parole ouvre [le ventre]. Mais moi, oh non, non, je joins, je ferme, je tue. Je recouds. Mille fois la parole s’est offerte au capitaine Dupré, elle était une femme prête à s’accoupler, dans son rêve de pauvre ivrogne (eh ! je fus mordu par un puma, j’ai vidé la bouteille de Schnaps, qu’auriez-vous fait à ma place ?)… mais il y avait cette gangue si fragile. Un rien peut la déchirer. Je ne bouge pas. Me pardonnez-vous ? C’était un rêve et, dans les rêves, peut-on blâmer un homme de convoiter une femme qui — depuis l’aube du Temps ! — se refuse, chienne — depuis l’aube du Temps !
L’énigme [du rien] est scandaleuse, injustifiable. Elle dépasse l’abominable, elle est en marge du sentiment humain ; la penser c’est se détruire. Bang.
Encore, je reviens à l’écriture ; je ne ressens plus le besoin de me justifier (d’ailleurs l’ai-je jamais connu, ce besoin ; est-il comme le besoin de la défécation, du boire, du manger ?). Le ruban de la machine est sec, usé, éreinté par les coups, les mots se grisent sur le papier. En fait, je vous encule, madame (à sec).

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