19 févr. 2013

Hypermarché (34)

Le directeur-ajoint du renseignement se lève, réajuste sa cravate et se lance en automate dans le récit de la capture de Ben Laden.
« Monsieur le Président, l’Agence détient Oussama Ben Laden depuis mai 2002. Il a été capturé par un commando des forces spéciales lors d’une opération menée illégalement en zone tribale pakistanaise [le Président fronce les sourcils]. Les quinze marines du commando ont ensuite été effacés sur ordre du président Bush, afin que le secret ne transpire jamais [le Président croise les jambes et se touche discrètement les aisselles]. Ben Laden a été transféré dans une de nos prisons secrètes en Moldavie [le Président lance un pouce approbateur et manucuré en direction du directeur-adjoint et laisse fuser un « YES ! »]. La seule à ce jour qui n’ait pas été dévoilée à l’opinion publique. Nous l’y détenions depuis cinq ans lorsqu’un tremblement de terre a détruit le bâtiment où était retenu le prisonnier. Il a survécu au séisme et s’est enfui [le Président tire sur les pans de sa veste de tailleur]. Les autorités moldaves ignoraient l’identité réelle du prisonnier (ils croyaient qu’il s’agissait d’un second couteau d’Al Qaida).
– Mince, je croyais que Barack l’avait buté ce sale con de Beny L.
– Monsieur le Président, il ne faut pas croire tout ce que dit la Maison Blanche.
– C’est vrai ? Je n’arrive pas à m’y faire. Bon, continuons. Vous disiez que Beny s’était enfui ?
– Le prisonnier a ensuite été intercepté à la frontière alors qu’il tentait de la passer sous une fausse identité. Depuis ce jour, les Moldaves le détiennent dans un lieu que nous n’avons toujours pas su localiser et menacent de livrer le prisonnier aux Chinois si nous tentons quoi que ce soit contre eux. En échange de leur silence, les autorités moldaves ont exigé que nous les laissions mener à terme le projet Gandac.
– Gandac ? Bordel de Dieu, qu’est-ce que vous me racontez tous là-dedans ?
– Ce que ces messieurs de la CIA sont en train de nous expliquer, monsieur (c’est maintenant le Conseiller diplomatique qui parle), c’est que nous sommes dans la merde.
– Merci pour votre brillante analyse, Will.
– Nous sommes dans la merde. Mais il faut riposter de manière proportionnée et circonstanciée… »

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