21 févr. 2013

Hypermarché (35)

« … En attendant de pouvoir localiser l’endroit où est retenu Beny (c’est toujours Will qui parle), de l’éliminer et de ramener son cadavre sur le sol américain. Ce sera là un spectaculaire moyen de commencer votre mandat, monsieur : le Président écrase le Mal ! Ben Laden est empaillé et sert de carpette dans le bureau ovale ! Avec ça, on aura le temps de voir venir.
– Mais ne risque-t-on pas de jeter le trouble dans l’opinion ? Barack l’a tué !
– Nous sommes Républicains, monsieur. L’Amérique blanche, anglo-saxonne et protestante n’a jamais fait confiance à ce Nègre. On ramènera Beny et on réaffirmera haut et fort les valeurs du Monde Libre, celle de la morale, celle du triomphe du Bien contre le Mal. »
Le Président se tourne vers les responsables de la CIA.
« Donc, pas de bombe H ? »
Le directeur-adjoint du renseignement regarde le bout de ses chaussures. Le Professeur biologiste s’éponge le front avec un kleenex. Le directeur-adjoint aux actions culturelles de la CIA rougit et se lance.
« Monsieur le Président…
– Depuis combien de temps êtes-vous à l’Agence, mon garçon ?
– Dix ans, monsieur.
– Vous devez avoir dans les trente-cinq ans, je pense, non ?
– C’est exact, monsieur le Président.
– Vous devez être une sorte de petit génie formé dans une de ces grandes universités de la côte Est, je suppose, pour vous retrouver à trente-cinq ans directeur-adjoint aux affaires culturelles de la CIA. Alors, bordel de Dieu, tâchez d’être convainquant, jeune homme ou je vous envoie en mission spéciale dans la zone tribale du Pakistan !
– Je… Je crois qu’il faut cloner Elvis Presley, monsieur le Président. »
Le Président s’assoit sur un siège du premier rang de la salle de projection privée. Il regarde le visage en gros plan du jeune Lennon, cheveux en bataille.

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