26 févr. 2013

Hypermarché (39)

« Salut, Donovan. T’as le bonjour de ma femme. Au fait, ça veut dire quoi le T, dans Donovan T. Lennox ?
– Bonjour, sergent. Rejet caractéristique de l’autorité. Faudrait en parler à un psy. Cody.
– Qu’est-ce qui t’amène chez moi, capitaine ?
– Un trou, sergent Nixon. Juste un trou. »
Le poing de Cody se ferme comme un porc-épic et devient blanc aux jointures. Et grenat sous l’épaisse pilosité de ses chairs. Donovan Tarlouze Lennox enfonce ses mains dans les poches de son costard CK à 1 000 dollars. Décontracté. Don mate le sergent Cody Nixon, quarante-deux ans. Fringues : jean brut, chemise blanche sans cravate, veston foncé. Don regarde les grolles du sergent : « J’adore vos Mephisto, serg… ». Cody tourne les talons et sort son arme. Il avance tranquillement de quelques pas. Le revolver pointé vers le sol. Bras décollé du corps. Il crie, « hep, vous là-bas, police de Tupelo ! Mains derrière la tête ! ». Les deux hommes en costume sombre regardent sans réagir. Ils sont à une vingtaine de mètres, derrière une rangée de tombes. Cody dirige son arme vers le ciel et tire une balle. « J’ai dit : les mains derrière la tête, tas de cons. » La détonnation fait tache d’huile dans l’air opaque. Les deux types lèvent les bras et gueulent : « Bordel, Lennox, dites à ce redneck de ranger son artillerie !
– Grosse bourde, sergent. Ces gars sont des fédéraux.
– Rien à foutre. Capitaine. Ils piétinent ma scène de crime. (Puis Cody hurle en direction des fédéraux.) Écartez-vous de là où je vous mets au régime sans sel. »
Les deux fédéraux s’écartent. Comme des crabes. Cody rengaine son flingue. Après avoir éjecté et rangé la douille vide dans sa poche de veston. Et remis une bastos neuve dans le barillet. Il avance. Un minuscule tas de terre fraîche. Une pierre tombale vierge de toute inscription. À la renverse. Le trou mesure soixante centimètres sur quarante.
« Une tombe de gosse. », dit Nixon.

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