14 nov. 2012

In God We Trust (11)

Les polas étaient versés au dossier au cas où les mauvais payeurs auraient contesté la procédure. Raoul était payé deux cents dollars le pola exploitable. Le reste, il le refourguait à un cercle d’initiés.
Raoul avait dégoté une bonne douzaine de collectionneurs friqués qui lui achetaient ses polas les plus croustillants. Il s’était fait un petit matelas de billets et la réputation de bon artiste dans le milieu des affaires. Certaines de ses séries se négocient maintenant entre trente et quarante mille dollars. Mais lui ne touche plus rien. Sa cote s’est envolée le jour où l’agence de recouvrement l’a viré. Un canard new-yorkais ayant révélé l’affaire, s’ébrouant de toute l’indignation possible, ce qui était bien pratique en l’occurrence, détournant une fois de plus l’opinion des questions de fond, c’est-à-dire de ces saloperies d’usines pénitentiaires NovaProm d’où les condamnés pour dette ne reviennent jamais.
Alors, Raoul avait dû quitter le Nouveau Monde et revenir trimer dans l’ancien, tandis que là-bas des mecs déjà pleins aux as dealaient ses clichés le centuple de ce qu’il leur avait vendu.

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