23 nov. 2012

In God We Trust (18)

J’hésitai quelques secondes. Je voulais SAVOIR. Raoul, qui avait été mis au poteau de la mauvaise conjoncture. Raoul, fantassin, comme moi, de LA GUERRE ÉCONOMIQUE. Raoul, qui se débrouillait pour glaner un peu de pognon. Raoul, qui disait : t’es un artiste, Franky. Tu sculptes les corps. Raoul, qui disait : « c’est toi le Fragonard du recouvrement. » Raoul, qui disait : « la spéculation sur les denrées alimentaires, c’est le Grand Crime, l’indépassable horizon du Mal… Quelle est la différence entre le docteur Petiot et l’Holocauste ? Quelle est la différence entre un artisan de la tuerie en série et une industrielle manifestation du Mal ? Quelle est la différence entre ton humaine brutalité et la barbare violence du marché ? Qui, brute sans foi ni lois ; qui, ne faisant ni plants ni labourages, œuvre jour et nuit à détruire l’homme ? Qui œuvre à réduire chacun à sa seule capacité à fournir les moyens nécessaires à son propre asservissement ? Au profit de qui ? Pour un cinquième de la population mondiale. Dans quel but ? Pour rien, du vide. Du vide rose pour combler l’absolue et pathétique incapacité à jouir du consommateur… Nos crimes sont abjects. Mais ceux du marché dépassent l’entendement. »

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