7 nov. 2012

In God We Trust (7)

Je devins comme fou. Ce fut la première fois que je cédai à cette vague brutale. À cette montée de certitude. L’ivresse de vouloir tout, tout de suite. J’attaquai la porte de la réserve à coups de pied. Le loquet sauta. Mon cœur faisait du basket sur une plaque d’acier. Mon cœur sautait. Mon cœur faisait un bruit de tonnerre à chaque drible. J’étais essoufflé. J’ouvris — le soleil explosa. Le soleil me transperça la poitrine. J’étais Superman. Une dizaine de fûts resplendissaient sous l’ampoule électrique jaune.
J’étais stupéfait, complétement abruti par la faim et le sang perdu. J’avais peine à reprendre mes esprits. Les Boulanger m’avaient expédié loin de mes rêves d’écrivain raté : merde, un limonadier qui citait L’Odyssée ! Mais une vague odeur de vomi planait dans mon dos : Raoul, la bouche en foie de veau, et Elvis en boucher de supérette, avec son tee-shirt au vomi vermillon.

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