5 déc. 2012

In God We Trust (25)

Je ne sais par quel miracle j’ai pu passer par la lucarne des vécés de l’Entresol. Le Polonais avait pourtant l’air d’un gars déterminé. Son grand-père avait été l’homme le plus fort du monde sur les marchés de Varsovie. Et sa mère, hôtesse de caisse dans un lupanar de Buenos Aires. Je dis ça, mais il n’était pas très causant, le gars. Le gars était le frangin de la Blonde. Très susceptible. Depuis qu’ils ont eu un Pape à Rome, les Polacks se prennent pour des latins et que je t’écrase le nez pour un rien.
Mais moi, j’ai horreur des boxeurs à la sauvette.
Aussi étrange que cela paraisse, j’ai horreur de la violence. Massacrer un type ligoté à une chaise ne requiert aucun déchainement de force. En vérité. C’est à la portée du premier venu. Vous seriez étonné de la facilité. La seule chose à faire, c’est de garder à l’esprit qu’on fait son boulot et rien de plus. L’esprit humain est formidable : le mot « boulot » l’exonère de tout sens moral, de toute distance critique, de toute empathie. Petiot ne faisait pas son boulot, c’était une façon originale de tirer partie du marché pendant l’Occupation ; une excentricité d’esthète quand un simple courrier anonyme suffisait à aboutir au même résultat. Les Nazis faisaient tous leur boulot. Comme les traders, le ministre de l’Immigration, les assureurs, les industriels et les laboratoires pharmaceutiques. Comme moi. Est-ce que ça fait de Frank Proust un Nazi ? Mais revenons à l’Entesol

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