17 déc. 2012

Terra incognita (début du Combat)

Mille neuf cent quatre-vingt-quinze
compter les ecchymoses recenser les dégradations, effractions, forcements, ruptures, démolitions ne dirait rien. S’il y a
une histoire de la destruction, cette histoire est dans nos gestes, par nos gestes, elle s’écrit
dans la plastique noble des coups de poing.

Détruire l’idée qu’il faut dire (les choses nous disent les vivants nous disent pourquoi ajouter à ce qui a été ajouté. La naissance est un dire qui s’ouvre ; nous pensons notre vie à combler cela).


Détruire l’idée.


Sauve ces mains jointes sur Ton silence
ô bon Dieu ;
Emporte mes uppercuts vers Ta bouche
Exhausse mes rages,
Elles ploient sous le poids
Le poids du silence en poudre ;
Et froide ma bouche fente
est une main engourdie sous Toi
vide d’amour le puits comblé
de gravas et de cailloux herbeux
Le Ciel joint NON pris dans l’amas
du ring.


Maintenant je suis las de penser, je dis le chant du Combat ; car mon penser s’enfiévrait et c’était

souffrance que cette lumière me chauffer les tempes, émouvoir les membres, expulser soi hors de moi, comme est souffrance l’ampoule minuscule du ciel, à peine un rejet et soleil et dieu.

Ce mort sous quelques-unes de ses formes je sus répondre que je ne savais pas, mais j’ajoutai, détruire n’est pas mourir et j’étais un fat.

Un autre fat me dit ; il disait bâtir nouveau, faire que ceci devienne cela mais je me tus et je fus plein de moi.

Je laissai l’étude et me livrai d’abord avec méfiance, certaines habitudes sont tenaces, mais l’alcool et le chanvre

étaient de grands adjuvants, à ces choses complexes et retorses que sont le laisser aller, l’oisiveté et la nonchalance ; car, c’est, je crois bien, un œuvre périlleux être absent dedans, je sais maintenant que l’absence est le pilon de la destruction je sais qu’à chacun des coups je me vois distinctement sous un jour inaccoutumé je me vois dans la lumière crue ; chaque organe détruit, chaque côte brisée irradie éclaire le visage, je vois… je me sens me touche avec la pure intimité de l’amour.

J’exprimerai ta tête entre mes mains tant mon amour,

ô mon amour, tant mon amour est fort, et puissantes sont mes mains. Que sera-ce

quand ton corps sans tête répandra son sang sur mes beaux habits neufs ; j’aurai Ces petits morceaux d’os de tête dans les cheveux et les cheveux collés par le noir glucose de tes veines. 
Autour, l’amour est rut ; —  ce sexe est un coutre ? — ce foie est luisant ? — cette voix tonitruante ? — ces ongles divins ? — tout cela compte.

UN Je suis le Dieu d’Israël, dis-tu, et j’interdis cela

DEUX que touche mon amour mon sperme est feu et tourmente, ma bave est la charogne vouée à l’oiseau Je suis le Seul et l’unique et ma peine est immense et ma joie est sans limite rien n’a de mesure pour l’homme que Je suis car je suis mon propre frère.

TROIS Toi

QUATRE Toi qui ne m’aimes pas

CINQ Toi qui ne m’aimes pas ton corps se dessèche,

SIX tu pourras boire le vin qui est sur une table mais ton corps se dessèchera encore, oui toi mon sectateur, mon zélateur, et mon chantre, ton corps sera sec dans les cieux parce que tu as parlé pour moi. Tu dis que j’ai détruit Sodome parce que mes enfants s’y enculaient ? Tu seras sec comme une noix amère ! J’ai détruit Sodome dans le feu de mon sperme car ma colère est infinie et infini mon plaisir.

SEPT Je mangerais bien un steak.

HUIT J’entends le bruit de mes artères et les longues avenues de Buenos Aires sont les valvules de mon corps — l’oubli est le marteau qui bat la taule des souvenirs ; je vois Fernando Pessoa sur le quai, enceint de toutes les choses mais le bruit le

bruit doux et monotone du Tage, bras stupéfiants de la tristesse, toi, Fernando Pessoa tu es l’enclave de mon

NEUF sanglot, chaque gorgée de Sagrès est un sanglot, tes horreurs sacrées sont mes sous-bocks.

DIX Lèvres douces de l’amour vous êtes hautes.

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