20 déc. 2012

Terra incognita (le feu du Combat)

Quatorze juillet mille neuf cent quatre-vingt-seize
et je conjecturais un poème d’épines. Dans la futaie,
il y a longtemps, j’ai connu
une très soudaine fleur. Nous avions pris la voiture, Anne, Alex
et moi ; et plus tard, dans la forêt fendue,
après s’être enfoncés et couchés sur le plaid, je me levai —
et l’air enveloppait comme la robe légère d’une jeune femme.
Je ne marchais pas,
je m’éloignais des amis, je savais qu’elle serait là,
haute,
où je serais loin d’eux. Plus je m’éloignais plus
je me sentais nu
dans la gaze aérienne. J’eus à peine
le temps que, débordé par l’excitation, la fleur
ployait sous le poids opalescent du feu.
Ô Temps passés à ne rien foutre.
Emportés par le cours crevassé de la vie.
Aveugles aux signes.
Sourds aux admonestations.
Insensibles et mous. Laissant,
abandonnant, insensibles et pauvres de pensées, de
sensations et de vie. Bien souvent, les efforts, les
tensions de l’esprit, les ploiements des muscles
sont des machines,
des combats, engins à enserrer, plans tracés
pour la dégradation et l’humiliation. L’ignorer,
c’est les crampes d’estomac. Les pets
infectes et le venin dans les gencives.

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