18 déc. 2012

Terra incognita (peu avant le Combat)

Balle perdue (odeur de la poudre estompée, tonnerre effacé par le chant des oiseaux ; balle tirée en mille neuf cent seize)
la vessie d’amour, l’organe pinéal perforé s’écoule tièdement dans le verre de Pessoa.

Je pose la très sainte Sagrès et je dis haut et fort dans
le vacarme du football télévisé : « Fleur, tu es ma destruction !
Ta racine est un outil ! Un outil pour détruire ! La preuve :
tu survis après qu’on t’a coupé la tige, seuls les cœurs endurcis y parviennent ».

La Croix est une fleur coupée.
Jeanne dit que dans son rêve j’ai pleuré.

La plaine est l’image de l’aurore ;
étendue sans mémoire où souffle l’haleine inouïe du Créateur.
Nous fûmes instruits d’ongles et de cheveux afin de nous rappeler
toujours le cycle atroce des nuits
inlassables génitrices aux ventres
toujours gros aux mamelles sèches
incoercibles couches
logorrhées croissant au sommet du crâne et aux doigts de kératine en forme de scarabée, signe
de notre immortalité physique.

Ta beauté est un spectacle
insupportable ; ta beauté est un édifice d’indifférence ; ta beauté est la dureté minérale ; tes beautés s’écroulent, murs et tours de sable, coupes et vases brisés, — je dis cela et mon verre se rompt et se répand de lui-même car la force contraire des doigts qui s’arcboutent et sur la joue la fraicheur de l’air,
délivré par la chute — mais il faudra des siècles pour pleurer toutes ces larmes.

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