8 avr. 2013

Zone 4 (23)

Achille regarde le faux Steeve McQueen tenir son téléphone du bout des doigts tandis que la Femme Blonde tient la plus haute des trémières (afin que le vent du nord ne l’emporte dans la tourmente).
Le Voisin prend conscience que l’épisode météorologique risque de s’installer, il hurle à la Femme Blonde de rentrer à l’abri.
La Femme Blonde s’accroche à la rose trémière, inversant le rapport entre elle et la fleur. Ce n’est plus la fleur qui requiert ses soins attentionnés, mais elle, la rose d’outre-mer, à travers la sève et les racines émollientes, qui apporte soutien à la Femme Blonde, elle qui a le pouvoir d’apaiser la brûlure du vent boréal.
Le Voisin plie face au vent et fait quelques pas. Il avance comme sur le pont d’un porte-hélicoptère balayé par la tempête.
Le souffle sinistre et blanc de la brise efface la plainte terrifiée de Robert Smith, si bien qu’on n’entend pas les cinq minutes trente de Siamese Twins s’échapper des haut-parleurs de la Mustang.
Le pot de peinture est renversé, le liquide laiteux se répand dans l’herbe.
Achille n’entend pas les cris du Voisin. Mais il le voit saisir la Femme Blonde par les épaules et vouloir la contraindre à rejoindre la maison. La Femme Blonde le repousse, agrippant de l’autre main la tige de la rose trémière dont les gros pétales noirs résistent aux flots mortels du vent.
Mais le ciel devient vanille, et, aussi improbable qu’un coucher de soleil en plein midi, il est incendié d’orangés et de pourpres incandescents.
Net,
le vent cesse et cède à l’immobilité.
Le silence envahit l’archipel, non loin des falaises contaminées. Comme toujours, les êtres vivants reçoivent l’accalmie avec incrédulité. Ils attendent qu’un autre prenne le risque d’annoncer par son chant ou un juron la fin de la colère d’Apollon.

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