9 avr. 2013

Zone 4 (24)

Le rire monte aux cieux à la vitesse d’un moineau. Elle rit si fort et chacun reprend sa course et ses occupations avec la certitude que la journée finira joyeuse et douce et parfumée.
Alors le Voisin dit : « Vous me faites tous chier ! », relève le pot de peinture blanche, sauve quelques décilitres répandus dans l’herbe, se remet à peindre le mur extérieur du garage. REGARDE-MOI. Les projections du rouleau, le Voisin rugit de colère, redouble d’énergie.
Le dérèglement climatique commence après la très grande nuit atomique. Le premier printemps est très chaud, les ruisseaux grouillent de rats. Le très long hiver qui s’achève est extrêmement rude. Les rats sont affamés, leurs dents et leurs mâchoires sont en sang.
La faim et les cendres les poussent à l’intérieur des maisons. Un enfant en bas âge ou un vieillard perd un morceau de chair pendant son sommeil. Bien qu’il y ait, vers la fin, de brusques épisodes tropicaux, les trottoirs restent recouverts d’un glacis de glace grise. Les habitants de l’archipel sont chaussés de crampons métalliques.
L’été de ses dix ans, treize après l’hiver nucléaire, Achille chasse le renard avec des lances de sureau fichées de clous. Il meurtrit de coups de marteau les vieux chênes du petit bois, près de son immeuble de quatre étages, il construit des cabanes que la bande rivale démolit en représailles des représailles d’Achille et de son ami Patrick âgé de deux ans de plus que lui.
À douze et quatorze ans, ils cessent de faire des cabanes. Ils traînent dans les rues, volent et forcent des caves pour s’enivrer.

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