3 oct. 2012

Écrire & Fumer (2)


Pourquoi l’Antarctique ? Je ne sais pas. Mon cerveau aime penser qu’il n’est qu’un pet de lapin devant l’infinie hostilité de la nature (mon cerveau a toujours eu cette fâcheuse tendance à l’emphase). Mais c’est toujours moins pénible que d’être un trou du cul face à des lecteurs qui en savent plus long que vous sur le sujet du dernier livre qu’il vous aura fallu écrire dans des délais absurdes (lecteurs dont les rangs clairsemés, pensa le cerveau de Phil, ont toujours été garnis de fous furieux (folles, surtout) prompts à gratifier chacun de ses livres de critiques assassines sur Internet).
C’est aussi moins pénible que de se retrouver comme une merde devant son clavier d’ordinateur.
« “C’est toujours moins pénible que de se retrouver comme une merde face à mon clavier d’ordinateur !”, ah, je te vois soupirer, “cet abruti vient de dire qu’il regardait la vérité en face, et voilà, encore !, qu’il s’apitoie sur lui-même !” ».
C’est désagréable de se voir prêter des propos, c’est vrai, surtout lorsqu’on ne peut pas dire au prêteur de propos le mal qu’on pense du procédé. Mais là, je ne me prive pas, tu vois. J’ai tout autant envie de croire que tu penses : « Mon ex-mari vaut-il vraiment la peine que je poursuive ma lecture ? ». Là-dessus, j’aurais beaucoup de peine à te donner une raison de répondre par l’affirmative, puisque tu as jugé, il y a longtemps, déjà, que je ne valais pas la peine que tu poursuives ta vie avec moi.
À défaut de te donner une raison de me lire, j’aurais souhaité pouvoir t’exposer clairement les tenons et les mortaises de cette histoire, mais elle est encore si embrouillée dans mon cerveau, que j’en suis incapable.
Je ne peux te dire qu’une seule chose : ce texte te révélera peut-être les raisons qui ont poussé mon cerveau à embarquer sur un bateau nommé Tsibalt (même si, je dois l’avouer, j’ai une fois encore négligé la règle de base qui doit précéder la mise en chantier d’un récit : celle qui consiste à commencer par la fin : « S’il est une chose évidente, écrivait Poe, c’est qu’un plan quelconque, digne du nom de plan, doit avoir été soigneusement élaboré en vue du dénouement, avant que la plume attaque le papier. ». Mais cela — l’absence d’un dénouement connu — témoigne, une fois de plus, de l’incompétence de mon cerveau.).

Je vais sur le pont m’en griller une, bouge pas.

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