21 sept. 2012

In God We Trust (6)

« Qu’est-ce que c’est cette histoire de trois millions dollars ? » Que j’ai dit, histoire de remettre les pendules à l’heure.
Raoul fut un peu surpris de me voir dans l’encadrure des gogues au lieu du paternel. Moi, j’étais à La Ciotat. La chaise pliante en tissu à fleurs et mes phalanges de dix ans coincées dedans. Raoul recula. Raoul trébucha. « Tu m’avais parlé de trois mille dollars, vermine. » Trois millions de dollars, macaque ! Avait lâché Raoul en se mangeant le coin de la banquette en skaï rouge. 
« Toi et ton père, vous aviez pas dans l’idée de m’entuber, par hasard ? ». Et si mieux qu’un extra, ce plan signifiait la fin des emmerdes et, enfin, une place au soleil ? Mon travail d’auteur serait d’un coup reconnu à sa juste valeur. Moi qui survivait à peine en suant quelques piges en intérim, je pourrais intégrer l’équipe éditoriale du Groupe Novaprom : Frank Proust, opérateur biographe pour contrats Platine.
Je sortis danser la gigue dans l’arrière cour. Ivre de joie, nageant déjà dans les dollars.
Un haut mur tessonné ceignait l’arrière cour. Des éclats de verre rouges verts et bleus. Mais ça ne gâchait pas la fête. Ça faisait comme des lampions éteints dans un bal populaire. Le décor parfait. L’histoire d’un chômeur qui braque trois millions de dollars à une association de malfaiteurs… Boulanger Père & Fils me mataient, une lueur dubitative dans l’œil. Si ce qu’avait dit mon pote Raoul était vrai, merde, pas question de bosser pour des miettes. 
« Je veux la même part que vous ! »

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